C’est souvent lorsque ça lâche que l’on s’intéresse aux choses C’est ce qui est arrivé avec ma chaudière un soir d’hiver ou elle a décidé de ne plus fonctionner. C’est en me rendant devant cette dernière que j’ai constaté plusieurs anomalies :
- La pression dans le circuit d’eau était extrêmement basse.
- Un voyant sur la chaudière clignotait et indiquait un dysfonctionnement.
Les premiers pas
J’ai, dans un premier temps, remis de la pression dans le circuit d’eau, en ouvrant la vanne d’arrivée d’eau, afin de remonter la pression à une valeur de 1,5 bars environs.
Mais la chaudière ne repartait pas. Naïvement, j’ai tenté de redémarrer électriquement la chaudière (dans le doute reboote :)). Sans succès.
C’est en ôtant le cache en bas de la chaudière que j’ai fais la rencontre du brûleur. Bon ça fait un peu peur la première fois, mais on fini par se repérer un poil. Moi les voyants rouges; bah ça m’intrigue ! et là j’en avais un gros pile sur le brûleur. En cherchant un peu, ça indique que le brûleur pour une certaine raison (ouais à ce niveau ça peut venir de plein de choses) c’est mis en sécurité. Il a préféré s’arrêter plutôt que de tourner dans un mode qui aurait pu l’endommager.Il suffit d’enfoncer le bouton situé dessus pour réamorcer le brûleur.
Une fumée, avec une forte odeur de fioul, s’échappe du devant de la chaudière. En regardant de plus prêt, un joint très usé par le temps, n’existe plus sur plusieurs centimètres entre la chambre de combustion et le brûleur. ça ne doit pas être lié à mon problème mais je pense qu’il faudra regarder ça plus en détail… Et là, magie ! la chaudière est repartie mais ça n’a pas duré longtemps.
J’ai appelé le numéro posé sur la chaudière afin de demander l’intervention d’un chauffagiste. Et au bout du fil je tombe sur un monsieur fort sympathique, qui, devant sentir que j’étais curieux et suffisamment débrouillard, m’a indiqué des éléments qui pourraient être à la cause de ma panne. Première piste, plus de fioul. Étrange, le précédent locataire m’a indiqué qu’il restait un bon mois de fioul il y a de cela 3 jours. J’écarte donc cette piste. Le circulateur, il se peut qu’il soit grippé. Pour s’en assurer, on peut commencer par appuyer la pointe d’un tournevis sur la grosse vis du circulateur et on pose ensuite l’oreille sur le manche du tournevis afin d’écouter le bruit d’un moteur qui ferait tourner le circulateur. Promis c’est vrai c’est le chauffagiste qui l’a dit !
Pas certain de ce que j’ai entendu je demande un autre moyen pour être certain qu’il tourne bien. On démonte la grosse vis en façade. De l’eau assez chaude coule en continu, il faut donc prévoir un seau pour récupérer l’eau. Derrière se trouve une autre vis, qu’on tourne dans les sens indiqué par la flèche sur le circulateur. Si cette dernière tourne sans problème, alors le circulateur n’est pas grippé.
Voyons ce que ça dit maintenant côté électrique. Sur le haut du circulateur, on trouve un boîtier étanche. Ce dernier renferme le raccordement électrique permettant d’alimenter le circulateur. L’idée c’est de vérifier aux bornes si un courant électrique arrive bien. Si c’est le cas, que le circulateur ne tourne pas, et qu’il n’est pas grippé, alors c’est cette pièce qui est endommagée.
Je positionne donc un voltmètre aux bornes du circulateur, et là le moment de solitude; pas d’électricité aux bornes du circulateur. Et au bout du fil le plombier qui m’indique que la il faut remonter le fil pour voir s’il est bien branché et s’il n’aurait pas été sectionné à un endroit. Ça commence à devenir compliqué et il faut que je télécharge les notices précises de la chaudière pour savoir comment accéder au fil qui semble poser problème, ainsi que l’endroit supposé ou il doit être raccordé sur le contrôleur de la chaudière. Je vérifie donc les 2 extrémités du fil du circulateur, tout semble bon. Depuis les bornes du contrôleur qui alimente le circulateur, je trouve bien un courant de 220V, mais je ne retrouve pas ce dernier aux bornes du circulateur. Pas de doute j’ai trouvé le souci.
Pour accéder au fil il faut démonter la partie latérale de la jaquette de la chaudière. Je trouve ici une boite de dérivation. En ouvrant cette dernière je constate qu’un fil semble sectionné et n’est plus en contact avec le domino auquel il est relié.
Je reprend donc tout les fils et m’assure de bien mettre en contact ces derniers et sert assez fort le domino. Et là je jubile ! La chaudière fonctionne a merveille ! Enfin… Chance du débutant oblige, panne de fioul dans la foulée; à peine 3 jours après l’emménagement. J’ai donc commandé du fioul. 3h plus tard, le livreur était en train de remplir la cuve ! Efficace !
Il faut attendre 2 bonnes heures avant de relancer la chaudière et ce afin que les éventuelles particules présentes dans la cuve, se déposent à nouveau au fond et ne soient pas absorbés par le brûleur au risque d’endommager la chaudière. L’embout immergé dans la cuve ,est muni d’une crépine dont le rôle est de filtrer les plus grosses particules pour éviter ces situations. La chaudière semble à nouveau fonctionner.
Je suis donc revenu sur le joint de la dernière fois et me suis mis en tête de le changer. Ce sera, au passage, l’occasion d’apprendre un peu comment tout ça fonctionne.
L’entretien
Quitte à changer le joint, autant en profiter pour faire un petit bilan de la chaudière et faire l’entretien des divers éléments.
Changer le joint
Histoire de bien comprendre ce qui a motivé le changement du joint voici quelques photos de ce dernier avant.
On voit ici bien 2 traces noirs, d’où s’échappent les fumées à chaque amorçage du brûleur.
Sur cette image on voit bien a gauche de la pièce métallique que le joint est entier, alors qu’à droite il n’existe plus du tout. Pour changer le joint il faut retirer le brûleur en dévissant 3 vis.
Une fois le brûleur démonté, il a été nécessaire de nettoyer la surface car le joint avait fusionné avec les parties métalliques. À l’aide d’un couteau et d’une brosse métallique j’ai donc nettoyé la surface. Une fois cette étape réalisé on peut ensuite présenter le joint.
La chambre de chauffe
Vu que le brûleur est déposé, nous en profitons pour nettoyer la chambre de chauffe. Et ce n’était pas superflu !
À l’aide d’une brosse métallique et d’un goupillon, on va enlever toute la calamine présente dans la chambre afin de rendre les échanges thermiques optimum. Et voila le résultat après une bonne demi-heure à frotter et aspirer tout le dépôt présent dans la chambre
Tout de suite ça fait plus propre.
Le Brûleur
Même sort pour le brûleur.
Il faut nettoyer les parties qui étaient en contact avec le joint toujours à l’aide d’un couteau et de la brosse métallique. et tant qu’à faire autant nettoyer toutes les autres parties de ce dernier, en prenant soin de ne pas toucher aux électrodes ainsi qu’à la buse. Et voilà le résultat
Il ne reste donc plus qu’à tout remonter et nous allons à présent pouvoir procéder à des réglages plus fins de la chaudière, afin d’en optimiser le rendement.
Les contrôles
Afin de réaliser l’ensemble des tests qui vont suivre; il est nécessaire que la chaudière soit en fonctionnement. J’ai pour ma part augmenté de manière significative la température du circuit de chauffe. C’est uniquement lorsque la chaudière est en fonctionnement, et de préférence depuis un certain temps afin que les fumées soient arrivées a la température de fonctionnement normal, que l’on peut réaliser l’ensemble des tests qui vont suivre.
Sans cela nous aurions des valeurs incorrectes et qui ne refléteraient pas le fonctionnement de la chaudière.
Le test de fumée
Avant de pouvoir procéder à un contrôle plus poussé de la chaudière, il est nécessaire de réaliser un test de fumée ou « smoke test » qui va nous permettre de déterminer l’indice de suie d’une chaudière. On réalise ce test à l’aide d’une pompe opacimètre.
plutôt qu’un long discours voici une vidéo illustrant la manipulation:
On retiendra qu’il faut insérer l’embout de la pompe dans un trou du conduit d’évacuation des fumées de la chaudière. Le trou est en moyenne situé à 2 fois le diamètre du conduit, de la base du conduit. On effectue dix pompages consécutifs. On retire ensuite le papier filtre et on le compare à la grille pour valider que ce dernier est situé entre 1 et 2/3 ;l’idéal étant de tendre vers 1. Si le résultat n’est pas bon il faut faire varier l’apport d’air afin d’obtenir un résultat convenable. Une fois le test réalisé, on peut utiliser la sonde de diagnostic pour des métriques plus précise sur le réglage de la chaudière. Utiliser la sonde dans une fumée trop chargée en suie risquerait d’endommager les capteurs de l’appareil et fausser les résultats.
La sonde de diagnostic
Nous avons utilisé une sonde TESTO 330-1. Ce modèle permet de faire plusieurs sortes de mesures, il peut mesurer le rendement de la chaudière, la teneur précise des fumées rejetées, ou encore le tirage.
Afin de faire varier les résultats c’est comme pour le test de fumée en modulant l’apport d’air que l’on va regler de manière optimum les différentes valeurs remontées par le testeur.
Voici les valeurs les plus remarquables que nous avons obtenu au final.
Une petite explication des différentes métriques s’impose:
- TF : c’est la température des fumées
- CO² : il s’agit de la quantité de CO² présente dans les fumées. Une quantité trop importante de CO² dans les fumées indique une mauvaise combustion de ces dernières. L’air envoyé est trop important.
- O² : C’est la quantité d’air (oxygène) relevées dans les fumées.
- λ : représente l’excès d’air. 1,14, correspond à un excès d’air de 14%
- CO : Exprimé en particules par mètre cube, c’est la quantité de particules de carbone par mètres cube d’air présent dans les fumées. Cette valeur est soumise à une réglementation fixant le nombre maximal de ppm à 25. (par le passé cette valeur était de 50 ppm)
- η : C’est le pourcentage de rendement de la chaudière. autant dire que 92% pour une chaudière qui date d’il y a une bonne dizaine d’année c’est plutôt pas mal !
Liens connexes :
- https://www.energieplus-lesite.be/index.php?id=10908 : Comment interpréter la fiche d’entretien d’une chaudière. Plus généralement le site Energie + parait extrêmement complet.